N’est pas Beyoncé ou Aya Nakamura qui veut. Les femmes qui rêvent du look et du fessier des deux monstres de la scène sont légion au Sénégal. Et on croyait que tout avait été tenté pour être à la hauteur des vedettes. Mais dans la ferveur des réseaux sociaux, les vendeurs d’illusions tiennent le pavé. Le procès annoncé lundi dernier met la lumière sur les dérives qui affectent le monde de la beauté. La police de Guédiawaye a, en effet, démantelé un réseau de vendeurs de produits clandestins propres, selon les tenants de ce commerce, à augmenter fessier. En bottant dans la fourmilière, la police a le curseur sur Alima Sow, alias “Alima Suppo”. Célébrité de TikTok en raison de ses milliers d’abonnés, elle se vante d’être en mesure de booster le fessier en un temps record. Alertée par le signalement des docteurs pharmaciens Aminata Diop, Yankoba Coly et Moussa Diallo, une équipe mixte composée d’agents de la brigade de recherches, de pharmaciens et de policiers a effectué une descente fructueuse au marché Zinc et à Guédiawaye. Des pommades vendues à 20 000 FCFA, ainsi que des suppositoires et des compléments alimentaires douteux sont saisis à “Alima Suppo”. Au total sept personnes ont été interpellées, dont “Alima Suppo”, les commerçantes Habousse Ndiaye et Moussou Gassama, et plusieurs agents commerciaux. Placées en garde à vue, elles devraient être déférées devant le tribunal de grande instance de Pikine Guédiawaye.Le coup de la police est à saluer en raison des graves conséquences provoquées par ces boulettes. Des complications chez leurs utilisatrices sont relevées. Les victimes se retrouvent, en effet, face à des infections, nécroses et, pour certaines, des pertes irréversibles de tissu fessier. Qui sait, la révélation au grand de ce commerce mortel donnerait, peut-être , des idées aux autorités pour mettre de l’ordre dans la médecine traditionnelle.
La médecine traditionnelle n’est pas interdite au Sénégal. Cependant, le gros problème réside dans son exercice qui tarde encore à être réglementé dans le pays. Tradipraticien et Président de l’Association des Médico-droguistes, Phytothérapeutes, Herboristes et Opothérapeutes Traditionnels du Sénégal (L’AMPHOT/S), Abdoulaye Ndao qui a hérité l’activité de médecine traditionnelle de son père l’exerce depuis 1999. Il affirmait dans la presse être à la tête d’un regroupement de 4 225 médecins traditionnels répartis dans les 14 régions du Sénégal. Ndao définit son métier comme le dépositaire d’un savoir traditionnel, une connaissance empirique qui se transmet de génération en génération. “Dans son travail, il use de substances et pratiques explicables ou non, basés sur les fondements socioculturels et religieux des collectivités. Tout ceci sert à diagnostiquer, prévenir ou éliminer un déséquilibre du bien-être physique, mental ou social. Ainsi, on peut trouver 4 catégories professionnelles : les Tradithérapeutes, les accoucheuses traditionnelles, les Médico-droguistes et les Herboristes”, affirma-t-il dans une interview publiée par Le Quotidien. “Parmi les Tradithérapeutes, il y a les Phytothérapeutes qui s’occupent des plantes ; les Psychothérapeutes qui utilisent des techniques basées sur le vécu social en faisant parfois appel à l’incantation; les Opothérapeutes qui usent des éléments venant des animaux; les ritualistes qui se basent sur les rites religieux ou non et les Chirkinésithérapeutes spécialisés dans les massages afin de restaurer les fonctions des parties malades ou blessées. Tout ce qui a trait aux fractures, foulures, entorses, courbatures, etc.” Seulement voilà, même si cette médecine traditionnelle est tolérée, nombre de médecins lient la flambée de l’insuffisance à l’usage des décoctions et autres infusions. La publicité à travers la télévision n’y est, sans doute, pas étrangère. Des supports a priori crédibles diffusent à longueur d’émission les vertus supposées de ces médications. Des maladies chroniques comme le diabète et l’hypertension sont généralement la cible de cette médecine traditionnelle. Depuis quelque temps, les troubles de l’érection font le business de cette médecine à la télévision et sur les réseaux sociaux. “C’est ce produit-là qui tient la maison”, lance ce “faiseur de miracles”, sur Facebook.
Au Sénégal la Commission nationale de régulation de l’audiovisuel (CNRA) semble impuissante faute d’un cadre légal de cette activité. En Côte d’Ivoire, cependant, face à cette publicité, en Côte d’Ivoire, le gouvernement a adopté, mercredi en Conseil des ministres, un décret interdisant tout acte de publicité aux praticiens de la médecine traditionnelle. Il leur est même défendu de s’attribuer des titres de la médecine conventionnelle tels “Docteur”, “Professeur” ou autres.