Bassirou Diomaye Faye révèle que le terme “dette cachée” a été évoqué lors d’entretiens, avant la prestation de serment, avec de hauts responsables de l’ancien régime.
C’est une bombe que le chef de l’Etat a lâchée hier. Interrogé, à son retour de Nairobi, au Kenya, où il a pris part au 38 Sommet de l’Union africaine, Bassirou Diomaye Faye a jeté plus de lumière dans le tumulte né de la publication du rapport de la Cour des comptes. “Juste après mon élection et avant de prêter serment, nous avons eu des entretiens avec certaines personnes qui avaient des responsabilités dans le pays”, informe le chef de l’Etat. L’objectif de ces entrevues était, selon le président de la République, de “parer au plus pressé” et de se faire une idée sur l’état des comptes dans le pays. “De ces entretiens, il était ressorti le terme ‘dette cachée’. Quand on a demandé, on nous a expliqué de quoi il s’agissait”, poursuit Bassirou Diomaye Faye. Qui étaient ces personnes détentrices de responsabilités dans l’ancien régime que le chef de l’Etat et sûrement son Premier ministre Ousmane Sonko et d’autres hauts responsables de l’économie et des finances, ont rencontrées ? Le mystère est entier. Tout comme sur l’explication donnée au terme “dette cachée”. Toujours est-il que la résolution de procéder à l’audit des finances a été alors engagée. Il ne pouvait, d’ailleurs, en être autrement, d’autant que, précise le chef de l’Etat, c’est une exigence de la loi votée en 2012. Cette loi astreint les gouvernants au code de transparence des finances publiques. C’est en quoi l’Inspection générale des Finances (IGF) a procédé à l’audit des finances. Son rapport a, ensuite, été remis à la Cour des comptes pour certification. Ce qui a été fait. “Ce n’est ni une prouesse, ni un miracle, ça doit relever de la banalité”, assure Bassirou Diomaye Faye. Le rapport de la Cour des comptes a, toutefois, montré, selon le président de la République, “la négligence, le manque de respect des dispositions légales et du devoir de vérité” dont l’ancien régime a fait preuve. Projetant le regard dans le passé de PASTEF en tant que parti d’opposition, Bassirou Diomaye Faye déclare que sa formation politique avait tiré la sonnette d’alarme. “Depuis 2018, nous ne cessons d’alerter sur la trajectoire que prenaient nos finances publiques et sur le dépassement des ressources externes”, rappelle-t-il avant d’ajouter n’avoir jamais été écouté ni par le gouvernement, ni par les partenaires. Projetant le regard sur l’avenir, Bassirou Diomaye Faye promet de travailler “au retour à la normale” de la situation. “L’engagement du gouvernement est porté à 1000% pour y arriver”, assure-t il. Emboîtant le à son ministre des Finances, Cheikh Diba, le chef de l’Etat a annoncé des “réformes pour que cela ne se répète plus”.
Cette sortie va, à coup sûr, relancer les spéculations sur la mort de l’ancien ministre des Finances, Mamadou Moustapha Bâ. La disparition brutale et les circonstances ténébreuses de son décès ont donné libre cours, à tort ou à raison, à des suspicions liées à la vérité sur les chiffres des finances publiques. Le décès de l’ancien ministre des Finances, le 4 novembre, ne serait pas “naturel”, selon le parquet de Dakar, qui a bloqué l’enterrement prévu dans sa ville natale à Nioro. Dans cette foulée, une enquête avait été ouverte et l’épouse du défunt entendue par la Division des investigations criminelles (DIC). Le procureur de la République avait ordonné une autopsie qui aurait révélé, d’après son communiqué, “plusieurs éléments de nature à attester que la mort de Moustapha Bâ n’est pas naturelle”. Il sera finalement enterré le 13 novembre.