La cinquantaine d’agences qui “sucent” les financent publiques sont sous la menace d’un resserrement ou d’une simple disparition en raison de la volonté de l’Etat de revenir à une gestion plus « sobre et vertueuse ». Les douze ans de Macky Sall au pouvoir ont été marqués par une flambée dans la création d’agences. Mais la majorité de ces structures, une cinquantaine, portent l’empreinte du président Abdoulaye Wade. Une fois aux affaires, Macky Sall a maintenu la même cadence. Nombre d’entre elles ont été créées pour caser la clientèle politique. Une des principales raisons évoquées par le Premier ministre Ousmane Sonko face au député vendredi dernier devant qui il a réitéré sa volonté de réduire le train de vie l’Etat. Vendredi dernier, venu sacrifier à une tradition de l’Assemblée nationale, le Premier ministre, Ousmane Sonko, a dévoilé une série de mesures destinée à « rationnaliser les finances publiques ». Il s’agit, en effet, de réformes qui portent sur la rationalisation dont les manquements graves dans la gouvernance économique et sociale sont établis. 4 Ainsi, des agences dont les attributions se chevauchent avec celles de directions nationales vont se retrouver à la tutelle et un resserrement permettra des économies d’échelle avec des charges de fonctionnement en moins. Dans ce train de mesures, il est prévu la fusion et la suppression des agences d’Exécution. Ousmane Sonko a dénoncé l’inflation des agences publiques, souvent créées pour des raisons purement politiques et ne répondant pas à des objectifs clairs. Ainsi, plusieurs agences aux missions similaires seront fusionnées d’ici juin 2025, tandis que d’autres seront purement et simplement supprimées. Dans la liste des fusions du PM Ousmane Sonko figure, figureront sans doute, le Fonds d’impulsion de la microfinance, le Fonds national de la microfinance et le Fonds d’appui à l’économie sociale et solidaire. Il est aussi prévu le resserrement du Fonds d’appui à l’investissement des services extérieurs et au Fonds des crédits femmes diaspora. L’Agence nationale pour les énergies renouvelables sera jumelée à l’Agence pour l’économie et la maîtrise de l’énergie. L’Office national de formation professionnelle et le Centre national de qualification professionnelle seront regroupés en une seule structure. Le Fonds d’appui à la promotion de la petite et moyenne industrie, le Fonds des petites et moyennes entreprises et l’Agence de développement et d’encadrement des Petites et Moyennes entreprises (ADPME) ne feront plus qu’ un. L’Agence sénégalaise de promotion touristique et la Société d’aménagement et de promotion des zones côtières SAPCO seront regroupées. Ce sera également le cas du Fonds de crédit pour les femmes et du Fonds national de l’entrepreneuriat féminin. Par ailleurs, l’Agence Nationale de la Maison de l’Outil sera supprimée. Une rationalisation des structures dans les secteurs de l’emploi, de la construction et des mines sera engagée. Une structure comme la Conarel non encore annoncée sur la liste de départ est sûrement dans le collimateur du gouvernement. Créée en mars 2023, la Commission nationale de régulation du loyer des locaux à usage d’habitation (Conarel), cette structure a pour missions de traiter les différends entre les bailleurs et les locataires, de programmer un certain nombre de textes qui doivent aider à la régulation du loyer, de faire des propositions pour l’accès au logement en accompagnant les locataires à devenir aussi des propriétaires. Mais voilà bientôt deux ans que la Conarel peine à remplir correctement ses missions. Le PM annonce un audit et une rationalisation des dépenses de personnel d’ici fin 2025. Cet audit permettra d’identifier les effectifs réels et de mieux contrôler les éléments variables de rémunération tels que les heures supplémentaires, les primes et les indemnités. Par ailleurs, un “rebasing salarial” sera opéré afin d’assurer une équité des rémunérations entre les différentes catégories professionnelles. Des mesures seront aussi prises pour mettre fin au cumul des indemnités de logement avec la jouissance de logements administratifs, ainsi qu’au cumul de plusieurs fonctions publiques par une même personne. Le gouvernement mettra en place un dispositif rigoureux de suivi des recrutements. À partir de mars 2025, tout recrutement devra être justifié par un ajustement interne sans impact négatif sur la masse salariale. Les recrutements dans le secteur parapublic seront désormais soumis à l’autorisation du Premier ministre après validation par les instances techniques et financières. Au sujet des dépenses de fonctionnement, des mesures strictes seront appliquées pour centraliser certains achats de l’État. Il en est ainsi des véhicules administratifs, du carburant, des titres de transport, du mobilier et du matériel de bureau. Le matériel informatique et les logiciels, les frais de publicité, les médicaments et produits pharmaceutiques vont également être rationalisés. Concernant les véhicules administratifs, plusieurs mesures seront adoptées. Il en est ainsi de l’acquisition de véhicules en berline de moyenne gamme, de la soumission de toute nouvelle acquisition à une commission restructurée, de la gestion des achats de véhicules via un mécanisme centralisé, de la fixation d’une dotation budgétaire limitée pour la maintenance des véhicules. Cette série de mesures va dessiner une nouvelle carte des agences au Sénégal. De plus, un plan de départ négocié se dessine dans la perspective du resserrement ou de la disparition pure et simple de certaines structures. Dans les prochains mois, le gouvernement devra faire face à des défis majeurs pour assurer une transition en douceur vers une administration publique plus efficiente et moins coûteuse.