Le Sénégal aborde une phase déterminante de sa transformation numérique. Présentée ce vendredi au « Digital Africa Summit Senegal », la nouvelle étude de la GSMA montre qu’en levant plusieurs freins, notamment l’accessibilité, la fiscalité et la formation, le pays pourrait connecter 2,6 millions de citoyens supplémentaires à Internet d’ici 2030 et générer près de 1 100 milliards FCFA de valeur économique, tout en créant plus de 280 000 emplois directs et indirects.
Malgré une couverture mobile largement avancée, 97 % pour la 4G et 39 % pour la 5G ,l’inclusion numérique progresse reste un défi majeur car lentement plus de la moitié de la population se trouvant en zone couverte n’utilise toujours pas l’Internet mobile. L’étude pointe principalement le coût élevé des terminaux, un smartphone d’entrée de gamme représentant encore près de 20 % du revenu mensuel par habitant, ainsi que des lacunes en compétences numériques et un environnement réglementaire peu incitatif.
Pour Angela Wamola, directrice Afrique de la GSMA, le Sénégal « dispose de tous les ingrédients pour devenir l’une des économies numériques les plus dynamiques du continent », mais reste confronté à « des barrières d’accès qui freinent des millions de personnes ». L’organisation internationale appelle ainsi à une collaboration renforcée entre État, opérateurs et régulateur afin d’améliorer les infrastructures, développer les compétences, soutenir l’innovation et structurer une stratégie nationale en intelligence artificielle.
Le gouvernement entend précisément répondre à ces défis à travers la mise en œuvre du « New Deal Technologique 2034 » et de la « Vision Sénégal 2050 ».
Lors du sommet, le représentant du ministre des Finances, Malang Faty, a annoncé l’élaboration d’un nouveau cadre fiscal, dont la formalisation se fera « dans les prochaines semaines » par la révision du Code des Impôts et du Code des Douanes. Le principe retenu est celui d’une fiscalité d’incitation, distinguant les recettes budgétaires des dispositifs favorisant l’investissement, en particulier dans le numérique.
Le ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, Aliou Sall, a pour sa part souligné l’importance de moderniser l’administration et d’utiliser le numérique comme levier d’opportunité. Il rappelle que les objectifs nationaux visent à porter la contribution du numérique à 15 % du PIB d’ici 2035 et garantir une connectivité universelle. Son département travaille à l’actualisation du cadre juridique, notamment du Code des communications électroniques, en vue de renforcer la souveraineté numérique et la protection des infrastructures critiques.
La stratégie gouvernementale rejoint plusieurs réformes préconisées par la GSMA, comme la suppression progressive des taxes sur les smartphones d’entrée de gamme, l’encouragement de la production locale de terminaux ou encore la construction d’un environnement d’investissement prévisible. L’exécutif souhaite également accélérer l’e-gouvernement, sécuriser les paiements numériques et consolider la cybersécurité à travers le CERT national et la modernisation de la protection des données.




























