Le moins qu’on puisse dire est que Macky Sall est fier de son travail à la tête du pays depuis 12 ans. Dans son discours, le dernier, de fin d’année, il a tracé les grandes lignes de ses réalisations, sans un mot sur la qualité décriée de sa gouvernance.
« Depuis 2012, je sacrifie devant vous au rituel du message à la nation pour vous présenter mes vœux à l’occasion du nouvel an. Ce soir, je vous ferai en même temps mes adieux, puisque c’est le dernier message solennel de fin d’année que je vous adresse. » C’est clair, Macky Sall quitte le pouvoir. Il met ainsi fin aux fortes rumeurs de report de la présidentielle du 25 février 2024. Il a réaffirmé cette volonté à l’occasion de son traditionnel message à la nation de fin d’année. « Et le 2 avril 2024 s’il plaît à Dieu, je transmettrai le pouvoir à mon successeur », précise-t-il en levant le doute des esprits qui croyaient fermement que le scrutin ne se tiendrait pas. Les candidats vont donc s’affronter le 25 février au premier de l’élection. Même si on ignore encore le nombre de candidats, la tenue de la présidentielle, elle, ne souffre plus d’aucune incertitude. Dans une longue allocution d’une quarantaine de minutes, Macky Sall a fait lui-même son bilan ou du moins il en a esquissé les grandes lignes annonçant que « Le gouvernement publiera prochainement le bilan de nos réalisations ». Mais, il a d’emblée tenu à répondre aux éventuels en indiquant : « Nos progrès sont réels et visibles à travers tout le pays. Les faits et chiffres parlent d’eux-mêmes ».
En dépit des violences « ayant causé des morts et des blessés, la destruction de biens publics et privés, dont des lieux de culte, des consulats et ambassades, des établissements scolaires et universitaires ; en plus d’une cyber-attaque contre des sites stratégiques de l’Etat et de services vitaux, tels que l’eau et l’électricité, et un attentat mortel au cocktail Molotov contre un bus, (…) l’Etat a tenu bon, la justice suit son cours et nous gardons le cap dans l’œuvre de construction nationale et de développement économique et social », semble se féliciter Macky Sall. Puis il embraie sur la croissance « projeté à 9,2% avec l’exploitation prochaine de nos ressources gazières et pétrolières » et le budget national passé de « 2344 milliards de FCFA en 2012, à 7003 milliards pour 2024 », laissant entrevoir « le visage du Sénégal émergent ».
Abordant le volet des infrastructures, Macky Sall indique le bond à 2900 km en 2023 de notre linéaire routier qui était, en 2012, à 1500 km. Le TER, le BRT et les 370 bus de Dakar Dem Dikk, les hôpitaux, les centrales électriques et « l’exploitation prochaine de nos ressources gazières et pétrolières » nous placerons, « à l’horizon 2025 l’accès universel à l’électricité à des coûts plus abordables ».
Au sujet de l’emploi des jeunes, Macky Sall dit être heureux d’annoncer le renouvellement pour trois ans du Programme XËYU NDAW ÑI, « portant sur 82 000 emplois jeunes pour un montant de 450 milliards de FCFA ». Il reste que Macky Sall a affiché un silence total sur son bilan immatériel, comme le lui reprochent des pans entiers de l’opposition et de la société civile. L’année 2023 est, en effet, marquée par une flambée de détentions provisoires (1200 détenus, selon l’ex-Pastef), une gouvernance suspecte notamment avec des épinglés des fonds Covid-19 jusque-là non inquiétés et les soubresauts du processus électoral rythmé par l’éligibilité ou non de Sonko et le remplacement chaotique de la CENA.