Le 13 février 2025, la publication du rapport de la Cour des Comptes sur la gestion des finances publiques pour la période de 2019 à mars 2024 a provoqué de vives réactions, tant au sein des institutions politiques que parmi les journalistes, la société civile et les citoyens. Birahim Seck, coordonnateur du Forum Civil, a réagi en saluant cet exercice de transparence du gouvernement, qu’il considère comme un « outil citoyen de lutte contre les flux financiers illicites ». Selon lui, ce rapport est une opportunité pour le Sénégal de réaliser des réformes profondes dans la gestion de ses finances publiques, mais il souligne que la responsabilité doit être clarifiée à tous les niveaux.
Le rapport de la Cour des Comptes, selon Seck, ne laisse échapper personne dans la chaîne de responsabilité pour la période concernée. Il s’adresse aussi bien aux décideurs politiques qu’aux responsables techniques, aux banques, aux tiers et à l’Assemblée nationale. Si un travail complémentaire est mené par les juridictions compétentes, les résultats pourraient fortement affecter certains membres du régime actuel. Birahim Seck appelle donc le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko à ne protéger personne dans le cadre de cette enquête, et à garantir que la justice fasse toute la lumière sur les irrégularités relevées.
Dans son analyse, Seck relève que la Cour des Comptes a fait une analyse minutieuse des recettes publiques, signalant notamment des anomalies dans les rattachements irréguliers de recettes et une situation non exhaustive des restes à recouvrer, évalués à 669,9 milliards de FCFA. Il rappelle que le Forum Civil a toujours demandé la publication des rapports sur les dépenses fiscales et leur rationalisation, car ces derniers jouent un rôle crucial dans la bonne gestion des finances publiques.
Seck indique aussi que la Cour des Comptes a souligné des irrégularités concernant les dépenses publiques, notamment des transferts importants au profit des services non personnalisés de l’État, des discordances sur les ressources extérieures, ainsi que des écarts dans les prêts et emprunts. Ces anomalies, ajoute-t-il, ne doivent pas être ignorées, et l’État doit s’engager à identifier les responsabilités et à clarifier ces zones d’ombre.
Concernant la gestion des comptes spéciaux du Trésor, le rapport de la Cour des Comptes met également en lumière plusieurs problèmes, mais il n’y a pas de remarques particulières pour les recettes et dépenses qui suivent les procédures normales de gestion. Cependant, des opérations effectuées hors budget ne sont pas prises en compte par la Cour des Comptes à moins que des documents spécifiques ne lui soient présentés. Ce manque de transparence dans certaines opérations financières, telles que les Dépôts à terme (DAT) et la gestion de la dette, est un point de préoccupation majeur pour Birahim Seck.
Le coordonnateur du Forum Civil appelle la justice à enquêter sur des dettes bancaires importantes contractées hors circuit budgétaire et sur les mouvements de fonds, notamment les 15 milliards de FCFA impliquant le Trésorier Général, ainsi que sur l’emprunt non autorisé par la loi de finances et les dépenses effectuées sans couverture budgétaire. Il insiste sur le fait que le peuple sénégalais a le droit de savoir et que des enquêtes sérieuses doivent être menées.
Seck félicite également le travail effectué par la Cour des Comptes, mais estime que ce travail doit être complété et approfondi par les juridictions pénales pour garantir la transparence et lutter contre les flux financiers illicites. Il appelle à des réformes structurelles dans l’administration, notamment en matière de finances publiques, et souligne l’importance de la redevabilité, de l’accès à l’information et de la lutte contre la corruption. Enfin, il appelle à une gouvernance exemplaire, qui soit fondée sur l’humilité, la sobriété et sans arrogance, afin d’éviter que les hommes politiques ne fassent disparaître la vérité sous le poids des manipulations