Abdoulaye Alioune Sylla a été nommé procureur du Pool judiciaire financier (PJF) en août 2024. En seulement quelques mois à ce poste, il a pris en charge 91 dossiers, ordonné la saisie de 2,5 milliards de francs CFA et transmis 87 affaires aux juges d’instruction. Il s’est ainsi imposé comme un acteur déterminant dans la lutte contre les crimes économiques, déployant une approche méthodique et sans concession.
Le procureur du PJF se distingue par son indépendance et son imperméabilité aux pressions extérieures. Selon un magistrat interrogé par L’Observateur, Sylla reste inflexible face aux tentatives d’instrumentalisation. Si certains évoquent des interférences politiques, notamment de la part du Premier ministre ou d’Ousmane Sonko, lui-même réagit avec un sourire. Il affirme que le véritable défi pour lui surviendrait le jour où on chercherait à le contraindre par des injonctions, soulignant sa fierté et sa protection de son autonomie professionnelle.
Par le passé, alors procureur à Ziguinchor, il avait pris la décision de poursuivre les suspects responsables du massacre de Bofa Bayotte, où treize jeunes avaient perdu la vie. En seulement 18 jours après la tragédie, il annonçait plusieurs arrestations et mettait en cause des personnalités liées au Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC). Cette affaire marquera une étape importante dans sa carrière, avant qu’il ne soit affecté à Kaolack.
Sylla, membre de la promotion 1997-1999 de l’ex-École nationale d’administration et de magistrature (ENAM), a débuté sa carrière à Kaolack comme substitut du procureur avant de devenir délégué du procureur à Rufisque. Il a ensuite été procureur de la République à Louga, puis a occupé différents postes à Dakar, Ziguinchor, Kaolack et Saint-Louis. Avant d’être nommé procureur du PJF, il était avocat général délégué à la Cour suprême.
Ceux qui l’ont côtoyé soulignent son obsession du détail et sa rigueur. Il est décrit comme un magistrat méthodique, attaché à une analyse précise de chaque dossier. Selon un avocat anonyme, il ne se satisfait pas de preuves fragiles et exige des enquêtes complètes et des charges solides avant d’engager des poursuites. Cette approche méticuleuse est l’une des clés de son efficacité dans la lutte contre les crimes financiers.