Le Collectif pour la défense et la sauvegarde de l’Hôpital Aristide Le Dantec (Aar Sunu Hôpital) hausse le ton face au mutisme du gouvernement. Réuni hier en conférence de presse à Dakar, son président, El Hadji Abdoulaye Dione, a dénoncé l’absence de réponse des autorités à leurs interrogations sur la manière dont le FONSIS compte générer 126 milliards FCFA à partir des trois hectares restants du site de l’hôpital, « sans cession de terres ».
Le collectif, qui se bat depuis des années pour la préservation du foncier hospitalier, s’appuie sur la nouvelle loi sur le droit d’accès à l’information, adoptée le 26 août 2025, pour exiger la transparence.
« Nous avons adressé une correspondance au Directeur général du Fonsis le 8 septembre dernier pour comprendre comment cette opération allait être menée. À ce jour, aucune réponse, même pas un accusé de réception », a fustigé M. Dione. Or, rappelle-t-il, « la loi prévoit que l’absence de réponse sous 15 jours équivaut à un rejet ».
Cette absence de communication, estime le collectif, jette une ombre sur la promesse de gouvernance vertueuse prônée par le nouveau régime.
« Nous interpellons directement le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko sur la transparence de ce projet et sur la préservation des 3 hectares restants, essentiels à la santé publique », a insisté Abdoulaye Dione, qui redoute un retour aux pratiques de l’ancien régime.
Pour mémoire, le président Macky Sall avait, en 2022, engagé la reconstruction de l’hôpital sur une superficie de 3 hectares pour un coût de 92 milliards FCFA, prévoyant de financer une partie du chantier par la vente des 3 hectares restants. C’est cette décision qui avait donné naissance au collectif Aar Sunu Hôpital, farouchement opposé à la cession du domaine public hospitalier. Après une mobilisation nationale et plusieurs arrestations, dont celle de M. Dione lui-même, la vente avait finalement été annulée.
Aujourd’hui, le collectif s’inquiète d’un possible retour en arrière et dénonce la lenteur des travaux.
« Lors de notre visite de chantier, nous avons constaté un sérieux ralentissement », souligne le président. Il appelle à une accélération urgente pour soulager les malades, notamment les patients atteints de cancer et d’insuffisance rénale, lourdement affectés par la fermeture du centre hospitalier.
Le collectif rappelle que depuis cette fermeture, « des centaines de malades sont morts faute de prise en charge ». Les insuffisants rénaux, redéployés dans des conditions précaires, et les malades du cancer, contraints de se rendre à Touba pour la radiothérapie, vivent un calvaire. L’institut Curie du Dantec, jadis référence nationale, reste inutilisé alors que ses équipements – radiothérapie et scanner – sont encore fonctionnels.
Face à cette situation, Aar Sunu Hôpital appelle les organisations de la société civile, les mouvements citoyens et les associations de patients à se mobiliser pour défendre les 3 hectares restants et réclamer la réouverture partielle du service de cancérologie.
« Si rien n’est fait, nous reprendrons le combat comme sous l’ancien régime », avertit le collectif, qui demande au président de la République de tenir ses promesses de transparence et de rupture.
Lansana DIANDY