Réunis à Dakar lors de la cinquième Assemblée générale du Réseau africain des télédiffuseurs, les acteurs du secteur ont lancé un signal d’alarme : les difficultés de recouvrement des redevances dues par les éditeurs de services menacent désormais l’équilibre financier des sociétés de télédiffusion du continent. David Canou, Directeur général de la Société burkinabè de télédiffusion et président du Réseau africain des télédiffuseurs, décrit une situation devenue « préoccupante et structurelle ».
Cette rencontre, couplée au Forum africain de la télédiffusion, a permis de revisiter les engagements pris lors de la précédente assemblée et de préparer la Déclaration de Dakar. Au cœur des échanges, une problématique revient avec insistance : les éditeurs de services accusent des retards récurrents dans le paiement des redevances, pourtant indispensables à la survie économique des sociétés publiques de télédiffusion. « Beaucoup d’éditeurs bénéficient de nos infrastructures, mais les paiements n’arrivent pas ou arrivent tardivement, ce qui fragilise tout l’écosystème », déplore David Canou.
Ce défaut de recouvrement crée un cercle vicieux : les sociétés de télédiffusion, faute de ressources, peinent à assurer leurs charges de fonctionnement, à entretenir leurs équipements et à moderniser leurs réseaux. « Sans financement régulier, il devient impossible de planifier des investissements structurants », souligne le président du réseau. Cette question a dominé les discussions, au même titre que la nécessité pour les États de renforcer leur appui financier.
Pour 2026, le réseau prévoit de s’appuyer sur l’UEMOA afin d’encourager les gouvernements à garantir un modèle de financement plus stable. Mais il reconnaît que les mécanismes de recouvrement doivent aussi être revus, même si leur mise en œuvre dépend de chaque pays. « Chaque État a ses propres procédures et réalités administratives. Les sociétés doivent adapter leurs méthodes, car il n’existe pas de solution unique », rappelle David Canou.
Au-delà de ces défis financiers, un autre enjeu se profile : la modernisation des infrastructures numériques. Le premier basculement vers le numérique a permis d’étendre la couverture en zones urbaines et rurales, mais les équipements vieillissent et doivent être renouvelés. Or, ces investissements ne peuvent être réalisés si les redevances ne sont pas collectées efficacement.
Dans son appel final, David Canou exhorte les États africains à investir davantage dans l’écosystème numérique, conformément à la Déclaration de Dakar qui sera transmise aux médias. Il insiste sur l’urgence de réhabiliter les infrastructures, soutenir les sociétés de télédiffusion et sécuriser le paiement des redevances, condition indispensable pour garantir la compétitivité et l’inclusivité de l’offre audiovisuelle africaine.



























