C’est au total 76 partis qui portent sur les fonts baptismaux le Front pour la défense de la démocratie et de la République. Mais que d’absents au front contre Sonko et Diomaye !
Le nombre est impressionnant. Au total 76 partis politiques ont adhéré au Front pour la défense de la démocratie et de la République. C’est une nouvelle coalition mise en place par l’opposition. Son objectif est de faire face aux “politiques néfastes du pouvoir Pastef”. Dans cette nouvelle entité de l’opposition figurent des partis comme l’Apr du régime déchu, le Rewmi de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck, l’Afp de Moustapha Niasse et le Ps. Ce front contre le pouvoir arrive dans l’espace politique presque 10 mois après la dernière Présidentielle. Ce nouveau cadre politique devrait réchauffer le climat en cours, en dépit de la fraîcheur qui balaie les rues de la capitale et certaines localités de l’intérieur. A l’issue des Législatives, le Pastef, parti au pouvoir a montré sa suprématie écrasante avec ses 130 députés sur 165 au parlement. Cette majorité a d’ailleurs parlé lors de la séance destinée à la levée de l’immunité parlementaire du député Farba Ngom. Au total 130 députés ont, en effet, voté pour dans une Assemblée que les députés de l’Apr, parti de Farba Ngom, ont vidé avant le scrutin. Plusieurs questions freinent, cependant, l’enthousiasme des partisans du nouveau cadre politique. Même si des partis historiques comme le Ps, l’Afp et l’Apr sont engagés dans le front, des ténors étaient absents lors de la conférence de presse de lancement. En premier, Amadou Bâ, ex-PM de Macky Sall. Tête de liste de Jamm Ak Njarin aux Législatives anticipées de novembre 2024, Amadou Bâ a obtenu 7 députés. Son mouvement politique est classé troisième. Mais le plus décisif est, sans doute, la deuxième place arrachée par l’ex-PM à la Présidentielle. Candidat de Benno Bokk Yaakaar, Amadou Bâ a engrangé 35, 79 voix derrière Bassirou Diomaye Faye, arrivé en tête avec 54, 28 %. C’est donc un poids lourd quoi qu’en dise les militants et responsables de l’Apr. C’est, en effet, cette formation politique, pivot de Benno Bokk Yaakaar qui a porté la candidature de Amadou Bâ. De fait chef de l’opposition, l’ex-PM de Macky Sall ne peut s’aligner derrière Khalifa Ababacar Sall qu’il a surclassé à la Présidentielle et aux Législatives anticipées.
L’autre absence qui refroidit les ardeurs de l’opposition est, sans doute, celle du Pds. Allié de l’Apr dans la coalition Takku Wallu, les libéraux auraient argué vouloir leur parti. De plus, Karim Wade, quasi patron du Pds est resté silencieux face à cette nouvelle initiative de l’opposition pilotée par Khalifa Ababacar Sall. D’ailleurs, peu d’observateurs voient mal le Pds faire alliance avec le Ps. “Wade, auteur d’une bataille épique de 26 ans contre le PS n’aurait jamais cautionné une alliance avec les socialistes”, commente ce cacique libéral ayant requis l’anonymat. L’absence du Parti de l’Unité et du Rassemblement (PUR) donne à réfléchir.
Cette formation politique est arrivée troisième à la dernière Présidentielle et elle s’est souvent bien illustrée aux derniers scrutins. D’autres ténors sont restés aphones. Il s’agit à la fois de l’absence et du silence de Barthélémy Dias et de Bougane Guèye Dany. Ces deux leaders ont tenu en haleine l’espace politique juste après l’élection présidentielle. Ils ont rivalisé d’ardeur et de témérité face à Ousmane Sonko. Une levée de boucliers qui a conduit le leader de Guem Sa Bopp en prison à la veille des Législatives. Il n’y a pour l’heure aucune explication à cette absence à la mise en place du Front pour la défense de la démocratie et de la République. Toutefois, nombreux sont ceux qui lient cette “bouderie” à une sorte de conflit de générations. Des analystes estiment, en effet, que le combat contre Sonko et Diomaye doit être mené par des leaders politiques de leur génération. A l’expérience et au parcours de Khalifa Ababacar Sall et de Oumar Sarr, ils opposent leur jeunesse d’un leader comme Anta Babacar Ngom, Bougane Guèye Dany ou Barthélémy Dias. Le Front qui se met en place passe, pour nombre d’observateurs, comme une double opportunité pour Khalifa Sall de devenir chef de l’opposition et de se rapprocher du Ps. Une perspective qui expliquerait l’attitude de certains leaders comme Amadou Bâ. Dans un tel contexte, un retour au bercail de Khalifa Ababacar Sall pourrait lui ouvrir grandement les portes de la direction du Ps. Une hypothèse d’autant plus sérieuse que Khalifa Sall n’a pas encore de parti. Il est encore à la tête d’un mouvement politique.