Une nouvelle époque démarre. Un nouveau style aussi. A voir le gouvernement sénégalais engagé directement le dialogue avec le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC), on peut bien admettre qu’une nouvelle ère a démarré dans les rapports entre l’Etat du Sénégal et le mouvement irrédentiste. Et c’est, apparemment, sans les intermédiaires. Hier, le gouvernement sénégalais, dirigé par le Premier ministre Ousmane Sonko a, en effet, signé un accord de paix avec le MFDC. Ce dimanche 23 février 2025 passe, à l’évidence, pour une date qui porte la marque d’une nouvelle approche. Vraisemblablement, le gouvernement sénégalais a décidé de faire face, seul, au MFDC. Certes, l’événement a eu lieu en présence du président de la Guinée Bissau, Umaro Sissoco Embaló. Cette démarche vise à mettre un terme aux hostilités qui perdurent depuis 1982 dans la région de Casamance. Mais à coup sûr, le chef de l’Etat bissau-guinéen joue dans ce face à face le rôle de témoin et de garant des engagements pris. Le contenu des accords reste encore dans le secret des signataires et des témoins. Mais des sources proches du dossier casamançais révèlent que cet accord porte sur la démobilisation des rebelles et de leur réinsérer dans la vie sociale. La même source informe que les accords signés portent également sur la relance du processus de paix pour assurer le développement de la région. Le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, s’est spécialement rendu à Bissau pour concrétiser cet accord, soutenu par le chef de l’État guinéen. Face aux médias, le président Umaro Sissoco Embaló a déclaré que “c’est la deuxième fois que les parties en conflit concluent un accord à Bissau, la première ayant eu lieu en 2022 sous le régime de l’ancien président Macky Sall”. Cet accord est une nouvelle tentative pour garantir l’abandon des armes et poursuivre les négociations visant une paix durable et le développement économique en Casamance. Le tournant dans la cérémonie d’hier est, à l’apparence, la volonté des autorités de se débarrasser des facilitateurs dans le processus de paix en Casamance. Sous les présidents Diouf, Wade et même Macky Sall, le gouvernement sénégalais a toujours fait recours à des facilitateurs face au MFDC. La dernière implication des facilitateurs remonte à la libération des sept otages militaires retenus par la faction du chef de guerre Salif Sadio. La communauté Sant’Egidio avait, en effet, fait office de médiateur pour favoriser cette libération. Selon RFI, les principales discussions se sont déroulées sous l’égide de la communauté Sant’Egidio, un interlocuteur neutre en lequel chaque partie a confiance, puisqu’elle arbitre depuis dix ans les discussions de paix en Casamance.
L’accord signé hier engage, sans doute, la faction sud du MFDC conduite César Atoute Badiate. Reste à savoir l’attitude de Salif Sadio, visiblement reclus en
Gambie après une vaste opération de démantèlement des bases du MFDC entreprise par l’armée. Juste après la libération des sept militaires tenus en otages par les éléments de Salif Sadio, les forces armées sénégalaises ont lancé une opération de démantèlement des bases de la faction du MFDC du chef rebelle Salif Sadio, situées le long de la frontière nord avec la Gambie, avait annoncé la Direction de l’information et des relations publiques des forces armées sénégalaise (Dirpa) dans un communiqué remis à la presse. Cette opération visait également “à détruire toutes les bandes armées menant des activités criminelles dans la zone et à neutraliser toute personne ou entité collaborant directement ou indirectement avec elles”’, indiquait le communiqué. “Les armées sénégalaises restent déterminées à poursuivre ces actions de sécurisation et à préserver, à tout prix, l’intégrité” du territoire national, ajoutait le communiqué. Composée des régions de Kolda, Sédhiou et Ziguinchor (sud), la Casamance naturelle est en proie, depuis près de 40 ans, à une rébellion indépendantiste menée par le MFDC. Depuis une dizaine d’années, une accalmie est notée, après que l’armée sénégalaise a détruit en 2021 plusieurs bases rebelles à la frontière entre le Sénégal et la Guinée-Bissau. Au plus fort de la crise, de nombreux civils et militaires ont péri ou subi des blessures graves après avoir marché sur des mines antipersonnel.