La voix discordante du député Tafsir Thioye risque de briser l’élan concerté de l’opposition destiné à tourner le dos au passage du Premier ministre Ousmane Sonko, aujourd’hui, à l’Assemblée nationale. En conférence de presse jeudi dernier, les 35 députés de l’opposition parlementaires ont dénoncé des violations “répétées” du règlement intérieur, mais surtout une attitude méprisante vis-à-vis de l’opposition sénégalaise de la part du président de l’Assemblée nationale, Malick Ndiaye, et un manque de courtoisie inédit, selon Thierno Alassane Sall, député non inscrit. “C’est une attitude jamais vue de la part d’un président de l’Assemblée nationale du Sénégal, tacle Thierno Alassane Sall, nous demandons en conséquence au président de l’Assemblée nationale de se ressaisir pendant qu’il est encore temps et de se débarrasser de ses habits de militant pour être à la hauteur de son rôle…” Autre point de tension : une Assemblée nationale qui serait aux bottes du pouvoir exécutif trois mois après son installation, selon Aïssata Tall Sall, chef du groupe parlementaire de l’ex président Macky Sall. Les députés de l’opposition promettent d’interrompre leur boycott dès que l’activité parlementaire et l’adoption de nouvelles lois aura repris. Mais pour la séance d’information du Premier ministre lundi, les fauteuils de l’opposition resteront vides. “Je ne suis pas pour le boycott et je ne conseille pas aux collègues de boycotter”, déclare Tafsir Thioye qui dit avoir dit de vive voix aux non inscrits lors d’une réunion de concertation. “Ce n’est pas bien, parce que nous nous sommes battus pour que le contrôle parlementaire soit une réalité. Boycotter cette séance-là, c’est renier à notre mission de contrôle de l’action publique”, clame Tafsir Thioye. “Je leur ai dit que je n’étais pas d’accord. S’il y a un problème d’organisation, allons en discuter avec le président de l’Assemblée du règlement intérieur en constituant une délégation composée de deux représentants des non inscrits, d’Aïssata Tall Sall et de deux autres représentants de Takku Wallu”, suggère-t-il affirmant être favorable à un second tour de prise de parole permettant de revenir sur certains éléments évoqués au premier passage. “Je leur ai dit que si vous ne me suivez pas, je ne m’engagerai pas dans cette voie du boycott”, a-t-il lancé à ses collègues non inscrits lors de la réunion de concertation. “Si on se dit représentants du peuple, on doit affronter les débats, pas les fuir. Si certains préfèrent ne pas y aller parce qu’ils ont peur ou qu’ils ont été insultés, alors autant démissionner. Il faut du courage pour challenger le Premier ministre”, a martelé Tafsir Thioye. Il précise, ensuite, avoir été à l’origine de l’initiative consistant à faire venir le Premier ministre et son gouvernement pour répondre à des questions d’actualité. “Je ne peux pas me dérober après avoir obtenu du PM l’assurance qu’il viendrait chaque semaine au parlement répondre aux questions des députés”, a-t-il précisé. “Nous sommes des représentants du peuple. Qu’il vente, qu’il pleuve ou qu’il neige nous devons être là pour représenter le peuple”, tonne Tafsir Thioye. “Si nous boycottons, nous ne sommes pas dignes de la mission que le peuple nous a confiée”. Puis d’ajouter : “libre à celui qui veut de quitter l’Assemblée ou même de démissionner, mais moi je ne boycotterai pas, on ne me l’a pas appris en politique !” Le député non inscrit clame être “un représentant du peuple, que l’action de contrôle a toujours fait défaut à l’Assemblée nationale et que ce n’est pas cohérent de boycotter”.