La Banque islamique du Sénégal (BIS) a organisé, le samedi 12 avril 2025, une rencontre stratégique visant à vulgariser la finance islamique auprès des prescripteurs religieux et médiatiques. L’objectif est clair : démystifier la finance islamique, lever les incompréhensions et renforcer son adoption comme alternative éthique au système financier conventionnel.
Très développée dans les pays anglo-saxons, la finance islamique, bien que présente depuis plusieurs décennies dans le paysage économique sénégalais, reste peu comprise du grand public — alors même que le pays compte une majorité de population musulmane.
C’est fort de ce constat que la Banque islamique du Sénégal (BIS) a lancé cette initiative. La rencontre a réuni des imams, des prédicateurs, des communicateurs religieux actifs dans les médias, ainsi que d’anciens responsables de la BIS et des personnalités du secteur financier, afin d’échanger sur la conformité de la finance islamique aux principes de la charia.
À travers cette rencontre, la BIS entend non seulement présenter ses produits et services conformes à la charia, mais aussi expliquer les dispositifs de gouvernance et le cadre réglementaire mis en place pour garantir leur légitimité.
« L’activité financière islamique interdit déjà le prêt à intérêt. Et auparavant, la loi bancaire interdisait aux banques de se livrer à des activités commerciales. Aujourd’hui, l’instruction permet aux banques qui souhaitent proposer une offre islamique de le faire à travers des instruments commerciaux : achat-vente à crédit, achat et mise en location, ou encore participation directe à une activité commerciale. Il est aussi possible de partager les profits et les pertes liés à cette activité », a expliqué Souaibou Diop, chef du département conformité islamique de la BIS.
La Banque islamique du Sénégal se classe au troisième rang du secteur bancaire sénégalais en termes de parts de marché cumulées. Elle joue un rôle crucial dans la collecte de l’épargne et le financement de projets en conformité avec les principes islamiques, répondant ainsi aux aspirations d’une large frange de la population.
« Nos employés, dans les différentes fonctions qu’ils occupent au sein de la banque, sont formés et initiés à comprendre et appliquer ces règles de conformité. Nous avons, en interne, une Direction Conformité Chariah qui suit toutes les opérations et contrats, et s’assure, en amont, que ceux-ci respectent les règles de la finance islamique », a indiqué Aminata Faye Seck, directrice générale de la BIS.
Selon elle, le contexte réglementaire de la finance islamique s’est fortement structuré ces dernières années :
« La BCEAO a notamment adopté un cadre juridique permettant aux institutions financières islamiques banques comme établissements de microfinance — d’opérer avec plus de visibilité. À l’échelle nationale, des textes spécifiques permettent désormais aux banques islamiques d’offrir des produits alignés avec les exigences de la charia, tout en garantissant une transparence conforme aux règles bancaires classiques », s’est-elle réjouie.
Lansana DIANDY