Le pape François s’est éteint ce lundi 21 avril 2025 au Vatican à l’âge de 88 ans, après douze années d’un pontificat marqué par la réforme et le dialogue. Premier pape à mourir en fonction depuis Jean-Paul II en 2005, sa disparition plonge l’Église catholique dans une période de deuil et de transition cruciale. Tandis que les fidèles rendent hommage au 266ᵉ successeur de saint Pierre, les préparatifs s’accélèrent au Vatican pour organiser ses funérailles et convoquer le conclave qui élira son successeur.
Une vacance du siège minutieusement encadrée
Dès l’annonce du décès, le protocole rigoureux de la sede vacante s’active. Le cardinal camerlingue, en charge du Saint-Siège durant cette période, constate officiellement la mort du pape dans la chapelle privée en l’appelant trois fois par son nom de baptême, « Jorge Mario Bergoglio ». En l’absence de réponse, l’Anneau du Pêcheur est détruit, tout comme le sceau officiel, pour empêcher toute falsification.
Les appartements pontificaux sont scellés et les novemdiales, neuf jours de deuil rythmés par des messes quotidiennes, débutent. Le corps du pape est exposé dans la basilique Saint-Pierre, conformément à ses vœux de simplicité : cercueil en bois doublé de zinc, sans crosse papale, et non sur un catafalque. François avait aussi exprimé le souhait d’être enterré à Sainte-Marie-Majeure, et non dans les cryptes vaticanes. Ses funérailles devraient avoir lieu d’ici le 25 ou le 27 avril, sur la place Saint-Pierre.
L’Église en état de transition
Durant cette vacance, l’administration courante de l’Église est gérée collectivement par les cardinaux. Chaque matin, les congrégations générales réunissent l’ensemble des cardinaux présents à Rome, pour organiser les funérailles, fixer la date du conclave, et esquisser le profil du futur pape.
Parallèlement, une « congrégation particulière » composée du camerlingue et de trois cardinaux tirés au sort tous les trois jours veille aux affaires urgentes. En revanche, aucune décision majeure ne peut être prise : tout est suspendu jusqu’à l’élection du nouveau pontife.
Le conclave : une élection sous haute tension
Selon la constitution Universi Dominici Gregis, le conclave doit débuter entre le 15ᵉ et le 20ᵉ jour après le début de la vacance du siège, probablement début mai. Environ 120 cardinaux de moins de 80 ans seront autorisés à voter, dont 80 % nommés par François – un facteur qui pourrait orienter le vote dans la continuité de son pontificat.
Le conclave se tiendra, comme le veut la tradition, dans la chapelle Sixtine. Après la messe Pro eligendo Pontifice, les cardinaux s’enfermeront pour voter à huis clos. Une majorité des deux tiers est requise pour élire un nouveau pape. Chaque jour, quatre scrutins peuvent être organisés. Après chaque vote, les bulletins sont brûlés : fumée noire s’il n’y a pas de pape, blanche s’il y a élection.
Lorsque l’élu accepte sa mission et choisit son nom de règne, il revêt la soutane blanche dans la « chambre des larmes » avant d’apparaître au balcon de Saint-Pierre pour la bénédiction Urbi et Orbi. Le cardinal protodiacre prononce alors les mots tant attendus : Habemus papam.
Un choix aux lourds enjeux
L’élection du successeur de François ne se limite pas à un choix spirituel : c’est aussi un moment géopolitique majeur. L’Église, forte de 1,3 milliard de fidèles, fait face à des défis multiples : crises internationales, sécularisation en Europe, croissance fulgurante du catholicisme en Afrique et en Asie, dialogue interreligieux, persécutions des chrétiens, et tensions internes sur des sujets sensibles (place des femmes, personnes LGBT+, réforme de la gouvernance…).
La question du profil géographique est clé. Après un pape argentin, l’Église pourrait choisir un Asiatique ou un Africain, reflet de la dynamique du Sud global. Mais un retour à un pape européen – italien ou non – n’est pas à exclure, notamment pour réaffirmer une présence sur le Vieux Continent.
Les papabili : qui sont les favoris ?
Plusieurs noms circulent, sans certitude. Le choix du prochain pape reste entre les mains du Saint-Esprit… mais les pronostics vont bon train :
- Pietro Parolin (Italie, 70 ans) : secrétaire d’État du Vatican, diplomate expérimenté, figure rassurante mais jugé technocrate.
- Luis Antonio Tagle (Philippines, 67 ans) : proche de François, charismatique et populaire, défenseur des pauvres et des réformes, il incarne une Église missionnaire.
- Matteo Zuppi (Italie, 69 ans) : archevêque de Bologne, homme de paix et d’engagement social, très apprécié des progressistes.
- Jean-Marc Aveline (France, 66 ans) : archevêque de Marseille, engagé pour les migrants et le dialogue interreligieux, mais peu expérimenté à Rome.
- Fridolin Ambongo (RD Congo, 65 ans) : figure respectée en Afrique, pasteur courageux et défenseur de la justice sociale, pourrait incarner une Église du Sud affirmée.
- Pierbattista Pizzaballa (Italie, 59 ans) : patriarche latin de Jérusalem, homme de terrain en zone de conflit, apprécié pour son courage et sa diplomatie.
- Péter Erdő (Hongrie, 72 ans) : conservateur modéré, intellectuel respecté, très ancré dans la tradition européenne.
- Robert Sarah (Guinée, 79 ans) : icône des catholiques traditionalistes, mais jugé clivant et trop âgé pour de nombreux électeurs.
Un choix qui façonnera l’avenir
Le prochain conclave pourrait bien être l’un des plus décisifs de l’histoire récente. Le futur pape devra trancher entre continuité et recentrage, ouverture au monde ou affirmation doctrinale, diversité culturelle ou enracinement historique.
L’Église, en pleine mutation, attend son nouveau guide avec ferveur. Et bientôt, la place Saint-Pierre retentira de nouveau de ces mots chargés d’espérance : Habemus papam.
Sources : Vatican (constitution Universi Dominici Gregis*, documents officiels), grands médias internationaux et spécialistes du Vatican.*eglise.catholique.fr, linternaute.com