Cheikh Diba est apparu à la tribune de l’Assemblée nationale avec une voix éraillée. Malgré une forme d’abattement, le ministre des Finances et du Budget a répondu à une question sur l’affaire des 8 milliards supposés évoqués par le chroniqueur Pape Sané, auditionné lundi par la Brigade des affaires générales, un démembrement de la Division des investigations criminelles (Dic) «Le ministère des Finances fait l’objet de nombreuses convoitises. Le débat est là. Nous n’allons pas entrer dans des considérations spécifiques, car l’affaire est entre les mains de la justice. Mais je puis vous assurer que nous partageons ces valeurs de transparence et de Jubal Jubanti. Nous n’accepterons pas que le Président ou le Premier ministre ait plus de valeurs que nous. Que chacun prie pour son prochain…», a déclaré le ministre devant l’Assemblée nationale à l’occasion du vote du projet de loi sur la réglementation bancaire.
Cette sortie sous forme de mise au point est symptomatique d’un malaise au sein du gouvernement. Dépouillé d’une partie de ses prérogatives par le Premier ministre notamment le volet «dépenses d’investissements», le MFB a tenu à faire son discours en Wolof pour se faire entendre et comprendre par tout le monde. «Président ak Premier ministre duñuma eup ay valeurs», insiste-t-il. C’est le député Abdou Mbow, membre du groupe parlementaire Takku Wallu Sénégal, qui a exprimé ses inquiétudes suite aux révélations du journaliste et chroniqueur Pape Sané. «Il est inadmissible qu’un tel scandale, impliquant une somme de 8 milliards entre un ministre et un homme d’affaires, puisse être banalisé comme l’ont été d’autres affaires il y a quelques mois sous le nouveau régime», souligne l’ancien président du groupe parlementaire BBY, qui demande au gouvernement de tirer cette affaire au clair.